Le concept de la liminarité est la période entre-deux états propre aux rituels de passage. Le terme liminarité a été employé dans les travaux d’Arnold van Gennep (1987) concernant les rites de passage. Ces derniers se caractérisent par trois étapes soit la séparation, la mise en marge ou liminarité et la renaissance symbolique. Cette période de marge ou phase liminaire s’applique autant à l’individu qu’au collectif. Et se caractérise par un sentiment de vide, de creux appelé « évidement » dans ce passage entre la déconstruction d’une identité vers la reconstruction d’une nouvelle structure identitaire.
Les tableaux sculpturaux de l’artiste Marilyne Bissonnette dans Ce qui nous lie questionnent la mouvance des normes sociétales et comment ces normes forgent notre identité. Pour Victor W. Turner (1986), les rites de passage peuvent servir à la cohésion sociale, diminuer les conflits, favoriser l’adaptation au changement social. Vivre l’ambivalence de la phase liminaire en se (re)positionnant face aux positions structurales de la société, permet de transfigurer un irrésistible appel vers l’autre en un sens de l’appartenance, allant jusqu’à idéaliser le « vivre ensemble » en une « « visée chorale » comme parfois les foules peuvent ressentir lors d’expériences culturelles ou sportives de masse donnant l’impression exaltante d’être une seule identité vibrant au même diapason.