Nouveaux environnements : approcher l’intouchable est une invitation unique à interagir, à s’émerveiller et à réfléchir autrement sur notre impact et nos connexions avec la nature. À travers le prisme du numérique, l’exposition offre une perspective poétique sur la fragilité de la nature. En représentant celle-ci sous une forme entièrement dématérialisée, elle met en lumière les processus de dégradation auxquels elle est confrontée et invite le·la spectateur·trice à réfléchir sur les enjeux de sa préservation.
Produite en 2023 par Molior, Nouveaux environnements : approcher l’intouchable, de la commissaire Nathalie Bachand, regroupe sept artistes phares du Québec : Baron Lanteigne, Caroline Gagné, François Quévillon, Olivia McGilchrist, le duo Laurent Lévesque et Olivier Henley, ainsi que Sabrina Ratté. Une fois équipé·e·s de leur casque de RV, les visiteur·euse·s plongent dans un univers surréaliste, où six portails distincts se dressent autour d’eux·elles. Ils·elles sont invité·e·s à pénétrer dans chaque portail, dans l’ordre de leur choix, afin de découvrir les six œuvres présentées. Dans cette édition au VOART Centre d’exposition de Val-d’Or, des œuvres installatives et vidéographiques sont également présentées.
« Avec les œuvres de Nouveaux environnements, les artistes nous proposent des points de contact avec des mondes qui transcendent la réalité et la matérialité – ce sont de multiples perspectives qui s’ouvrent sur nos écosystèmes et autant d’invitations à revisiter nos réflexes d’interaction avec l’environnement naturel. » [Nathalie Bachand, commissaire]
Six stations avec casque de réalité virtuelle sont disponibles dont quatre stations accessibles sur réservation et deux sont en accès libre. Réservation gratuite. Durée de 45 minutes pour le visionnement de l’ensemble des oeuvres de RV. Tous les publics sont les bienvenus. À noter que l’usage de casque de réalité virtuelle n’est pas recommandé pour les jeunes de 13 ans et moins.
« Nouveaux environnements : approcher l’intouchable est unique en son genre du fait qu’elle est produite entièrement en réalité virtuelle. C’est une superbe occasion pour le public québécois d’être en contact avec des œuvres en art visuel et numérique d’artistes locaux reconnus dans le monde entier. » [Aurélie Besson, directrice générale et artistique de Molior]
LES ARTISTES DE L’EXPOSITION
Baron Lanteigne
Artiste de Québec dont les créations parcourent la planète, Baron Lanteigne propose Ascension (2022). L’oeuvre de réalité virtuelle invite les visiteur·euse·s à explorer un paysage numérique où un liquide ascendant et descendant réfracte la lumière, créant une expérience immersive. Manipulée par un flux de données échangé entre dispositifs connectés, cette substance en mouvement incarne l’omniconnexion, tout en questionnant notre perception de l’espace et de la nature. L’installation Cinématographie de la matière virtuelle (2023), ensemble d’écrans qui agissent comme des portails dévoilant des effets de réfraction lumineuse qui déforment l’environnement visuel génératif, est également présentée dans l’espace d’exposition et explore le même phénomène.
Caroline Gagné
Artiste interdisciplinaire très active et engagée dans son milieu, Caroline Gagné a créé sa toute première oeuvre en réalité virtuelle pour interroger la présence de l’être humain dans son environnement. Autofading_Se disparaître (2020) plonge le·la spectateur·trice dans une forêt générée en « points cloud », où l’environnement réagit à ses mouvements et à son niveau d’attention. Plus ses gestes sont lents, plus les détails sonores et visuels émergent, tandis qu’une présence humaine trop brusque déclenche une tempête, effaçant peu à peu les éléments du paysage. Sans titre (artefacts) (2020-2023) se présente pour sa part comme le prolongement matériel d’Autofading_Se disparaître, avec une roche synthétique comme élément central – laquelle est aussi au coeur de l’oeuvre de RV. L’installation permet d’entendre une composition sonore en lien avec une séquence vidéo – issue de l’oeuvre virtuelle – diffusée via l’écran d’un téléphone cellulaire, visible à proximité.
François Quévillon
Explorant depuis plus de 20 ans les phénomènes du monde naturel et de la perception grâce à différents dispositifs technologiques, François Quévillon invite les spectateur·trice·s à découvrir le littoral du fleuve et du golfe du Saint-Laurent avec Érosions 2 (2022), en jouant sur les effets de désorientation et de désincarnation de la réalité virtuelle. Les déformations visuelles et sonores qui en résultent, évoquant la transformation géomorphologique, font en sorte que l’oeuvre amplifie la sensation d’immatérialité et d’instabilité des espaces naturels. Pour sa part, le corpus d’oeuvres vidéographiques Météores (2017-2018) s’inspire du cosmos et de la géologie pour sonder l’espace-temps et la complexité de la matière, tant physique que numérique. Chaque scène est un monde en soi, avec sa propre atmosphère où les lois de la physique sont réinventées.
Olivia McGilchrist
Créée par l’artiste multimédia franco-jamaïcaine blanche Olivia McGilchrist, Virtual ISLANDs (2022) explore la relation entre immersion virtuelle et submersion physique en RV, en offrant des interprétations audiovisuelles du flux et reflux de l’eau, symbolisant la fluidité des identités hybrides de l’artiste. Les spectateur·trice·s sont invité·e·s à naviguer dans une scène aquatique où les mouvements chorégraphiés de l’artiste Keely Whitelaw, rendus en particules, interagissent avec une vague submergeant l’espace virtuel. Les oeuvres vidéo From Many Sides (2016) et MYRa: a gift for Rym (2019), quant à elles, passent au crible des couches d’histoires héritées et mettent de l’avant la relation complexe entre le paysage caraïbéen et l’eau comme élément, de la dépendance géographique à la précarité environnementale.
Laurent Lévesque et Olivier Henley
Depuis 2017, Laurent Lévesque et Olivier Henley travaillent en duo pour développer Le Conservatoire : autre horizon (2017-2022). L’oeuvre de RV invite le public à explorer une forêt numérique composée de plantes issues de jeux vidéo « first-person shooter » créés entre 1998 et 2017. Accompagnée d’un répertoire de 270 espèces virtuelles, elle met en lumière la fragilité de cet univers numérique, en écho à la vulnérabilité des écosystèmes naturels face aux catastrophes environnementales. Laurent Lévesque signe par ailleurs deux oeuvres présentées dans l’espace physique de la galerie. Le Conservatoire : bouquet pour Maxime (2017-2023) est une impression représentant un assemblage floral issu des plantes collectées à partir des jeux vidéo. Self 1 (2023) est un miroir sur lequel est gravé un motif en damier gris et blanc qui fait référence au « vide numérique » – généralement associé au logiciel Photoshop. L’oeuvre interroge notamment l’effet produit par l’univers numérique sur notre perception identitaire.
Sabrina Ratté
Artiste de renommée internationale vivant à Montréal, Sabrina Ratté poursuit avec Floralia (2021) son exploration de la « matérialité » du numérique en créant un sublime virtuel qui remet en question notre rapport à la réalité. Inspirée par Donna Haraway, Greg Egan, Ursula Le Guin et Bruno Latour, l’oeuvre de RV évoque un écosystème où la technologie et la nature s’entrelacent, brouillant les frontières entre passé, présent et futur. Lieux de mémoire (2023), installation composée de projections et de petits écrans, rassemble pour sa part des esquisses et des séquences vidéo issues de la création de Floralia et vient tracer un fil conducteur entre les espaces virtuel et réel.